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Alice Debonnet-Lambert, directrice du Centre d'information et de documentation sur le bruit (CIDB)

L'exigence en matière de bruit est de plus en plus grande

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Le bruit, environ deux tiers des français s'en plaignent chez eux. Tapage, voisinage, isolation, bruits de chocs... Les causes sont nombreuses et les conséquences sur les personnes variées, chacun étant plus ou moins sensible à cette sorte de pollution. Pour mieux comprendre et maîtriser cette nuisance, le CIDB est à l'écoute des particuliers. Visite guidée avec sa directrice, Alice Debonnet-Lambert.

 

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Qu'est-ce que le CIDB ?



Alice Debonnet-Lambert : Le Centre d'information et de documentation sur le bruit (CIDB ndlr) est une association créée en 1978 à l'initiative du Ministère de l'environnement de l'époque. Des plaintes relatives au bruit commençaient alors à être déposées. Elles émanaient notamment de riverains d'autoroutes et d'axes très fréquentés. L'objectif était de créer une structure de renseignement pour tous les publics.

JGMI :

Quel est le rôle du CIDB ?



ADL : Notre association est tout d'abord un lieu de conseil. Tous les publics peuvent ainsi recevoir gratuitement des informations par téléphone, ou sur place pour les franciliens. Nous avons aussi un site internet sur lequel de la documentation et des fiches pratiques sont consultables.
Le CIDB est aussi un lieu d'écoute. Souvent, en matière de nuisance sonore, notamment provoquée par les voisins, les victimes se retrouvent seules car les autorités, que ce soient la mairie ou les forces de l'ordre, ne sont pas à leur écoute en la matière. La nuisance se transforme alors très vite en véritable souffrance et devient insupportable. Le fait d'être écouté peut désamorcer les conflits, dédramatiser la situation et enfin permettre de trouver une solution à l'amiable.
Nous apportons aussi des conseils pratiques. Par exemple, pour atténuer le bruit que l'on peut émettre chez soi, nous préconisons de petites astuces, comme la pose de feutrines sous les pieds des chaises, ou encore d'éloigner les enceintes des murs. Nos conseils portent aussi sur la résolution des conflits dus aux nuisances sonores en apportant un soutien réglementaire et technique, ainsi qu'en indiquant la marche à suivre pour mettre fin à ces problèmes de voisinage.
De plus, les propriétaires particuliers peuvent s'adresser à nous pour améliorer leur logement en matière d'acoustique. Ils reçoivent des informations techniques au cours d'une consultation avec un ingénieur acousticien.
Enfin, nous fournissons à ceux qui le demande les coordonnées de personnes à contacter.

JGMI :

Quand considère-t-on que le bruit devient une nuisance chez soi ?



ADL : Le bruit est défini comme un phénomène acoustique qui produit une sensation désagréable ou gênante. La difficulté réside donc dans l'appréciation personnelle, propre à chacun de ce qui est désagréable. Il faut bien comprendre qu'en matière de bruit chacun a sa propre sensibilité.
La première réglementation en matière d'acoustique dans les logements date de 1969. Les bâtiments construits avant 1970 ne sont donc pas efficaces a priori en matière de bruit. Une seconde loi dite NRA est venue la compléter en 1994. Aujourd'hui, on considère qu'il y a pollution sonore à partir de 75 db en façade le jour et 60 db la nuit. Pour les bruits de voisinage, il n'y a pas de niveau sonore, mais une idée d'émergence par rapport au bruit de fond : 3 db la nuit, soit un doublement du niveau sonore, et 5 db le jour. Il faut aussi savoir que le seuil de 65 db est considéré comme un niveau de basculement.

JGMI :

Ces mesures ont-elles suffit à améliorer la situation en matière de bruit ?



ADL : Deux lois encadrent la notion de nuisance sonore et le public est de plus en plus informé depuis 30 ans. Pour autant, le nombre de personnes se disant gênées par le bruit chez elles, aujourd'hui d'environ deux tiers des français, a peu baissé. Cet état de fait provient d'une part du fait que la sensation de gêne due au bruit est personnelle et qu'une part de psychologie intervient dans son appréciation. D'autre part, le fait d'avoir trop informé le publics a peut-être mené à des excès. Il ne faut pas oublier qu'obtenir le silence chez soi est impossible. Le respect de la réglementation ne conduit pas forcément pour tout le monde au bien-être acoustique.
Tous les trois ans, le CIDB tient des assises. Cette année, nous avons choisi de faire un bilan des actions menées depuis 30 ans afin de savoir si nous avons choisi les bonnes pistes, au regard des chiffres d'insatisfaction sonore quasiment inchangés depuis des années. Nous allons donc nous poser des questions pour savoir si nous n'avons pas effectué des campagnes d'informations et de sensibilisation trop radicales, qui auraient laissé espérer des performances acoustiques inatteignables. Peut-être devrions-nous nous orienter vers un effort de sensibilisation pour que le public prenne conscience qu'une situation acoustique peut-être améliorée en général, mais qu'il ne faut pas espérer ne plus entendre du tout ses voisins.

JGMI :

Quels sont les conseils que vous pourriez donner à ceux qui sont victimes de nuisances sonores ?



ADL : Avant de porter plainte et d'aller en justice, il faut épuiser toutes les voies de la conciliation. Commencez donc par aller voir votre voisin pour lui exposer calmement votre problème. Surtout n'attendez pas. Sans cela, vous allez de plus en plus souffrir du bruit et ne pourrez plus exprimer votre problème sans agressivité, ce qui ne serait pas compris ou entendu par votre voisin. Lorsque vous allez vous adresser à un voisin pour lui faire part d'un problème de nuisance, gardez en tête qu'il peut être de bonne foi et ne pas se rendre compte du bruit qu'il émet. N'oubliez pas que les moyens de propagation du bruit sont très variés, si bien qu'un niveau sonore acceptable devient une nuisance chez le voisin.
Si cette première démarche n'aboutit pas, envoyez un courrier simple à l'auteur de la nuisance sonore dans lequel vous exposez à nouveau le problème et cherchez des solutions. Une absence de résultat vous autorise à envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception, uniquement si le bruit dépasse le trouble normal du voisinage. En cas d'échec de cette nouvelle démarche, adressez-vous à un médiateur de votre mairie ou à un conciliateur de justice. Si toutes ces démarches n'aboutissent pas, portez l'affaire en justice, devant le tribunal pénal. L'amende pourra être alors de 450 € au maximum, en plus de mesures visant à stopper la nuisance.

JGMI :

Les particuliers souhaitant investir dans l'immobilier peuvent-ils évaluer le niveau sonore avant d'acheter ?



ADL : Souvent lorsqu'on achète, on ne pense pas aux gênes sonores. Les investisseurs fixent la plupart du temps leur attention sur d'autres détails, comme le nombre de pièces, la luminosité entre autres, et se rende compte de la pollution sonore une fois installés. Pour autant, le bruit ne doit pas être négligé. Pour cela, mieux vaut visiter le bien à différentes heures, s'entretenir avec les voisins, et examiner la situation en détail d'autant plus pour les personnes les plus sensibles. En cas de doute, le CIDB peut apporter des réponses, notamment en matière de travaux possibles et de résultats envisageables.

Pour en savoir plus :
Le site du CIDB

Crédit photo : Perrine ROUX

Perrine Roux - Je gère mon immobilier
Publié le 02/11/2010 à 00:00

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